Denis Sassou Nguesso en France : 48 heures pour faire la manche et sauver Antoinette Tchibota ?

Après les ministres Gakosso, Yoka, Mikolo, Ngouolondélé, Collinet Makosso et le conseiller Malanda, le président de la république du Congo, Denis Sassou Nguesso atterrit en France ce 22 mai 2025 pour une visite officielle de 48 heures. Objectif principal : revisiter certains accords. Mais, face au poids de la dette, M. Sassou sera obligé de tendre la paix à qui veut la saisir.

La délégation de la mission présidentielle composée des ministres Jean Jacques Bouya, Christel Denis Sassou Nguesso, Arlette Soudan Nonault, Ingrid Ebouka Babakas, Christian Yoka arrivé depuis mardi, Aimé Ange Bininga et Jolie la vipère rwandaise. C’est un indice qui confirme que le Gouvernement congolais est à la recherche des moyens de survie. Dans l’agenda de cette mission, une descente est prévue au MEDEF où l’homme d’affaires, Issa Attié et Cie ont préparé le terrain après plusieurs aller et retour. Difficile de prédire ce qu’elle accouchera avec les opposants interne du système Sassou dont certains ont tenté de faucher l’opposant Lassy  Mbouty.

Toutefois, l’on sait qu’au moment où M. Sassou entame une visite en France, le Congo se trouve devant une rude équation qui consiste à rembourser près de 1500 milliards de fcfa d’ici décembre 2025.

Une situation financière qui  impose un recentrage stratégique sur les « créanciers domestiques ». Ce recentrage soulève autant d’interrogations structurelles que d’opportunités de réforme dans un pays marqué par une dictature et une gestion opaque. Mais dans un pays où le climat des affaires n’est pas garanti et l’insécurité s’amplifie, les choses semblent être complexes pour M. Sassou.

De même, les normes  économiques de la CEMAC et démocratique, les principes de soutenabilité budgétaire et des logiques de captation rentière, dans un contexte marqué par une dette publique culminant à 94,74 % du PIB, ne rassurent pas pour le Congo.

Une architecture de désendettement partielle et asymétrique

D’après les données de la Caisse congolaise d’amortissement (CCA), 80,54 % du service de la dette en 2025 sera consacré aux engagements intérieurs. Ce recentrage traduit moins une stratégie de consolidation structurelle qu’un arbitrage conjoncturel entre pression extérieure (bailleurs multilatéraux, crédibilité internationale) et souplesse interne (contrôle institutionnel des créanciers domestiques). Il renforce le risque d’éviction du secteur privé par l’État sur les marchés financiers locaux, tout en masquant l’incapacité à restructurer en profondeur le profil d’endettement du pays.

En clair, les « barons suspectés dans le vol » des deniers publics dont nombreux ont « lavé » leurs vols en achetant les OTA/BTA* sont ceux qui posent des problèmes actuellement. On cite de plus en plus, le Premier Ministre Anatole Collinet Makosso, le conseiller à la dette du Président de la République, Rodrigues Nguesso, le Chef de service des titres et valeurs au trésor public Raymond Yoka-Ikama et son homologue à la BEAC Gatien Ondaye Obili. Idem pour Gilles Tchamba de l’Archer Capital et Yannick Mefane de Premium Securities Capital pour les arrangeurs privés.

Rechignant à remettre l’argent au pot, les fameux « créanciers » du Congo (Pierre Mabiala, ya Bruno Jean Richard Itoua, Jean jacques Bouya, Gilbert Ondongo…) ont l’épée de Damoclès qui pèse sur leur tête. Il n’y a pas que Dongou Armel Sylvère qu’il faut inéluctablement relancer, loin s’en faut !

Temporalité et fragilité de trésorerie

Le pic attendu en octobre 2025, avec 309,86 milliards FCFA de service de la dette intérieure, illustre un défaut majeur de lissage des échéances des OTA et BTA distribués tous azimuts. Ce désalignement temporel met en tension la trésorerie publique et révèle une absence de stratégie intemporelle cohérente, pourtant essentielle dans les contextes de forte volatilité des recettes pétrolières. À défaut d’un mécanisme anti-procyclique institutionnalisé, l’État se condamne à des arbitrages d’urgence, potentiellement récessifs.

En termes clairs, le Congo est en quasi-cessation de paiements et il faut rassurer les créanciers externes et maîtriser les apporteurs de fonds voleurs internes (cités plus haut). En attendant que les fonds négociés autrefois par le groupe de Raould Ominga, Louis Marc Sakala et Cie au Moyen Orient et çà et là renflouent les caisses congolaises, les mois de mai et juin sont rudes. Témoins, les retards d’échéances qui s’accumulent partout et toutes les échéances qui arrivent à maturité au même moment.

Si le recentrage sur la dette domestique pourrait donner l’illusion d’une maîtrise retrouvée dans la gestion de la dette, il s’agit en réalité d’une transformation du risque externe en vulnérabilité interne, exposant les finances publiques à une concentration du risque de refinancement. L’absence de transparence sur les conditions d’émission (collusion d’entente des spécialistes en valeur du trésor avec les fameux créanciers internes), les taux servis (usuraire de plus de 6,5% au lieu de 2-3%) et les bénéficiaires (cf. arrêté n° 1859 du 10 mars 2017 octroyant 1% au cabinet et au trésor public gratuitement) aggrave cette situation. La dette intérieure est en grande partie détenue par des acteurs institutionnels liés à l’exécutif (gouvernement), créant une opacité systémique.

Absence d’ancrage dans un cadre macro-fiscal de discipline

Le maintien du ratio dette/PIB au-dessus de 94 % témoigne de l’échec des mécanismes d’ajustement automatique pourtant requis par les normes CEMAC (dont le PNOT à 2314 milliards de J-B Ondaye, Rodrigues Nguesso et Ibrahim Magassa). À l’absence de règle d’or budgétaire s’ajoute le manque d’instruments techniques de gouvernance : pas de plafond de déficit primaire, pas d’audit public annuel des engagements, pas de publication des risques contingentés (dettes garanties, PPP). Cette faiblesse institutionnelle neutralise toute tentative de consolidation budgétaire crédible.

Prélude d’y revenir, il sied de dire que l’unique garantie qui est donnée à cette délégation c’est l’argent que fait gagner Arlette Soudan Nonault via les créneaux environnementaux et la révision des accords juridiques pour sauver Antoinette Tchibota. Mais le reste ne sera que promesse.

*OTA : obligations du trésor assimilables, ce sont des titres de créance à moyen et long termes, à capital fixe.

*BTA, bons assimilables du trésor, ce sont des titres de créance à court terme émis par l’État par voie d’adjudication

 Ghys Fortuné BEMBA DOMBE

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