Quel rapport entre le coronavirus et la dette des Etats africains ?

Il ne paraît pas surprenant qu’un banquier pense à protéger son business même en temps de Covid-19. Mais que cela se fasse sous prétexte de sauver les Africains du coronavirus, c’est osé.

Tous les Français attendaient de l’allocution du Président MACRON des mesures promptes de sortie d’un déconfinement réussi en France. C’est plutôt un appel à la solidarité avec l’Afrique qui a encore retenti dans le propos tenu le 13 avril 2020. Il est certes vrai que le Covid-19 s’est installé comme une calamité internationale, mais de là à envisager l’annulation massive de la dette africaine, il fallait y penser. Où est le lien de cause à effet entre le Covid-19 et des dettes consenties depuis de nombreuses années ?

Puisque l’OMS est convaincue que le pire de la pandémie sera constaté en Afrique, les pays africains ont servilement opté pour la mise en application des mesures de précautions qui font des preuves dans des pays développés. Cela a un coût qui risque de déstabiliser des économies sous perfusion qui sévissent incessamment dans ce continent. Il aurait donc été plus approprié que l’OMS communiquât davantage sur les mesures d’accompagnement nécessaires aux économies des Etats qui ont décrété des plans d’urgence sanitaire. Or, muette comme une carpe (l’on croirait même que cet organisme n’a pas une politique de santé publique), c’est la France qui a pris le flambeau de ressasser la rengaine de l’annulation de la dette africaine. N’y a-t-il que des pays d’Afrique qui souffrent du Covid-19 et qui auraient besoin d’une annulation de la dette extérieure ? Il y a anguille sous roche de la part d’un ancien banquier. Le Président MACRON sait pertinemment que ce sont les intérêts sur les capitaux qui justifient l’existence et la prospérité des banques.

Divertissement de l’opinion publique française avec l’annonce de l’annulation de la dette africaine

Les Etats ne vont pas découvrir la solidarité ou l’aide internationale à partir de la pandémie du Covid-19. Les Etats africains connaissent tous les mécanismes pour demander et bénéficier des aides financières auprès des organisations internationales. Aucun d’eux n’a, normalement, besoin de la France pour justifier ses difficultés financières. Ils n’ont pas, dans ce sens, besoin de donner mandat au Président français pour parler de leurs demandes d’annulation des dettes. Alors, sa communication très opportune sur l’annulation de la dette africaine n’a eu que pour objet de voler la vedette aux projets africains initiés en vue de prévenir les conséquences économiques à venir de la crise du coronavirus.

Une fois de plus, il n’a été que question de prouver que la France vit sur le dos de l’Afrique. Loin d’être un coup d’épée dans l’eau, à l’instar de la France, d’autres pays et autres organisations internationales vont entrer dans cette brèche pour proposer des modalités de remise de dette. Les institutions de Bretton Wood, notamment le virulent Fonds Monétaire International (FMI), ont déjà commencé à faire des appels de pied aux Etats africains. Selon le communiqué de presse n°20/151 du 13 avril 2020, le conseil d’administration du FMI a approuvé un allégement de la dette extérieure de 25 Etats dont 19 pays africains. Les conditions de cet allégement seront-elles favorables aux économies des Etats bénéficiaires ?

Il y a plutôt lieu d’apprécier la discrétion médiatique observée par le Gouvernement chinois qui dans les mêmes circonstances de temps, se remet de propres effets de la pandémie et, par ailleurs, se déploie dans la solidarité en apportant à des Etats (partout dans le monde) un soutien concret et urgent nécessaire à l’éradication du fléau. Elle se passe de toute publicité et de toutes les considérations économiques habituelles pour justifier son appartenance à la communauté internationale.

En revanche, la France, qui est habituée de donner par la main droite pour récupérer par la main gauche ce qu’elle se dit donner à l’Afrique, n’a fait que se lancer dans une campagne de communication pour redorer son blason auprès de ses partenaires traditionnels africains. Il en va du soin diplomatique accordé à son pré-carré politico-économique. En effet, l’annonce de l’annulation de la dette des pays africains demeure incongrue, voire arrogante, dans ce contexte où l’attention des Français reste focalisée sur les préoccupations d’ordre sanitaire. Il aurait peut-être fallu que le Président MACRON trace un bilan global à propos de diverses aides apportées à l’Afrique depuis le début de la pandémie. Ainsi la bonne conscience des Français vis-a-vis de l’Afrique pouvait être soulagée.

Tout le monde sait qu’en Afrique, un moindre événement reste une occasion de larmoyer et de recourir à des aides internationales, source d’approvisionnement pour les emplettes des dirigeants. Ces derniers sont, quant à eux, dans la perspective de multiplier leur possibilité d’enrichissements en faisant de l’amalgame, surtout que le contexte du Covid-19 s’y prête bien. Le 28 mars 2020 à Brazzaville, les ministres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEMAC) avaient incité les pays membres à présenter des projets de demande d’annulation de dettes publiques alors qu’il était bien acquis que la Banque de Développement des Etats de l’Afrique Centrale (BDEAC) avait déjà consenti de libérer 90 milliards de francs CFA d’aide aux Etats pour tous les projets initiés dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus. Ce n’est que, le 3 avril 2020 dans une conférence téléphonique avec dix présidents africains, que le Président MACRON a eu à entériner l’idée de l’annulation de la dette de ces Etats. Pourquoi donc ce dernier n’a-t-il pas attendu que ces pays demandeurs fassent eux-mêmes des communications ou des plaidoyers en faveur de l’annulation de leurs dettes ?

Effet « poudre de perlimpinpin » de l’annulation de la dette africaine sur la crise du coronavirus

Sauf à croire que l’annulation de la dette africaine vantée par le Président français ne sera immédiate et opérationnelle qu’en ce qui concerne les relations bilatérales de la France, les mécanismes pratiqués au sein des organisations internationales demeurent jusqu’à ce jour non seulement lents mais aussi contraignants que la pandémie aurait survécu et aurait été éradiquée. On rentrera déjà dans le cycle normal des relations internationales où les Etats africains se contentent de rattraper leur retard de développement grâce aux aides de toutes sortes. En d’autres termes, il n’y a pas de doute que les difficultés ponctuelles des africains causées par le coronavirus devront rapidement interpeller la conscience de la communauté internationale. D’ailleurs, dans son allocution, le Président MACRON n’engage pas la France à annuler ses propres dettes. Il demande à l’Europe et invite les institutions internationales à envisager l’hypothèse de l’annulation de la dette africaine. Pour les Africains et dans ce sens uniquement, rien n’est encore acquis comme moyen d’accompagnement de la crise du Covid-19 puisque les dossiers devront être examinés au cas par cas.

A la lecture de la conjoncture internationale, il ne faut pas perdre de vue que 60 % du PIB est le taux moyen de la dette en Afrique depuis 2013 et que la Chine en est le principal créancier. Ses investissements en infrastructures dans ce continent dépassent “les financements combinés de la Banque africaine de développement (BAD), de l’Union européenne, de la Société financière internationale (IFC), de la Banque mondiale et du G8″ (Cf le Le Point du 4 janvier 2019). La France et les partenaires traditionnels de l’Afrique ont en effet de bonnes raisons d’initier des assauts pour limiter, sinon canaliser, la ténacité des fonds envahissants qu’ils n’arrivent pas à contrer avec les moyens légaux de la compétitivité économique.

Les baratins de l’ancien banquier peuvent ici trouver des explications crédibles, car il est de bon aloi que la France ait à propager sa stratégie de mainmise sur les ressources naturelles de l’Afrique, notamment l’Afrique subsaharienne son pré-carré politico-économique. C’est ce que laisse transparaître l’affirmation suivante du Président MACRON : « Alors si notre monde sans doute se fragmentera, il est de notre responsabilité de bâtir dès aujourd’hui des solidarités et des coopérations nouvelles. » Dans ses efforts de « refondation » de l’Europe, la France a besoin de l’Afrique pour asseoir et démontrer sa solidité économique. L’Afrique demeurera le continent stratégique pour le développement des pays occidentaux.

L’appel à l’annulation de la dette africaine peut être entendu comme une mise en cause de la compétitivité de l’économie chinoise. Son partenariat grandissant constitue une grande menace pour l’économie occidentale traditionnelle qui demeure accrochée aux vieilles stratégies d’exploitation des richesses africaines. Il est, en réalité, demandé à la Chine de payer le lourd tribut pour la croissance de ses relations financières et économiques avec l’Afrique. En annulant donc sa dette africaine, la Chine perdra beaucoup plus que tous les pays européens et ceux du G8 réunis. Les Occidentaux souhaitent ainsi relancer l’économie africaine sur les seuls efforts que devra consentir la nouvelle grande puissance économique mondiale. Une sorte de rééquilibrage du commerce international semble être mis en place à partir de l’alibi bien trouvé du coronavirus et ce au détriment de la Chine. Le principe de la compétitivité économique connaîtra toujours des entorses en Afrique. C’est une façon de continuer de croire que ce continent devra toujours être contrôlé de l’extérieur et surtout par ses voisins géographiquement plus proches.

Le clin d’œil du Président français aux Africains devrait être considéré comme un leurre. Il s’agit de les confiner dans le carcan du statu quo maintenant ce continent sous la dépendance des aides extérieures et, par conséquent, de la domination par l’étranger. Les pays africains ne connaîtront point d’embellies économiques après la crise du Covid-19 si l’on ne pense qu’à recourir à l’annulation des dettes extérieures. Les institutions financières internationales et les fonds vautour utilisent les mêmes techniques (ou les améliorer) dans le but de consolider leurs capitaux et intérêts. Ils ne seront jamais des philanthropes pour l’Afrique.

C’est illogique de répondre à une situation exceptionnelle par des mesures traditionnelles. Sauf à considérer que l’on peut amuser les Africains à tout bout de champ.

Rocil MATINGOU
Docteur en Droit
Avocat au Barreau de Paris

11 thoughts on “Quel rapport entre le coronavirus et la dette des Etats africains ?

  1. A SUIVRE…

    POURQUOI LE GROUPE BOLLORÉ RISQUE D’ÊTRE ÉVINCÉ OU SAUVÉ DU PORT AUTONOME DE POINTE-NOIRE AU CONGO?
    Le groupe Bolloré Congo va t-il désobéir ou se soumettre à la volonté du peuple et de l’état congolais tenant à faire bloquer le pays jusqu’à la chute du dictateur Denis Sassou Nguesso? https://www.youtube.com/watch?v=J7WjoyupYcU

  2. Sans les toujours colonies françaises d’Afrique, la France serait un pays sous developpé au coeur de l’Europe occidentale. C’est pourquoi ce pays par des systèmes mafieux a mis en place des régimes lui permettant en échange de l’exploitation des resources du sol et sous sol de ces pays. LAllemgne n’a pas de colonies, mais c’est la puissance économique bien loin de la France qui vit de l’Afrique.

  3. CONGO-BRAZZA: (JDO) OKEMBA A DIT « ON A TUÉ DANS LE POOL, LE CIEL N’EST PAS TOMBÉ » ET POURQUOI?
    Le futur ou l’avenir c’est tout justement le passé et le présent qu’on ignorent. Par conséquent, penser à l’avenir du Congo-Brazzaville, c’est commencer déjà par devoir traiter le passé et le présent (vie privée/vie publique) des personnalités civiles, politiques et militaires congolaises qui nous entourent et ou nous dirigent. https://www.youtube.com/watch?v=6yYnvbgCGfc

  4. Il y a quelques jours j ai terminer a ecrire un livre au titre suivant: Rembobinage du Paradis sur la tèrre.
    C est un livre qui parle du passè, le prèsent et le future. Pas seulement ce qui s est pàssè ou se passera au Congo, mais dans le monde entier. A bon entendeur…

  5. DNK/Bantu (Developpemment National Kongo/Bantu)

    Y a lontemps nous avons compris le jeu de la France concernant la dètte contre les pays Africains.
    L`un des buts de notre parti politique DNK/Bantu, c est d`etablir une production monètaire au Congo Brazzaville pour combattre la pauvretè dans la nation. Nous serons aussi très capable a payer n importe quelle dètte de n importe quel pays.
    Et chaque Congolais(es) gagnera par annèe près de 1million par annèe concernant la valeur du Franc CFA et les salaires serons payer regulierement ainsi les Congolais(es) pourrons atteindre des buts important sur le plan national et international sans des inquiètudes concernant le financement.

    A bon entendeur…

    https://www.youtube.com/watch?v=hP4aIFDC2zM

  6. Bonsoir
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  8. Ci-dessus une publicité mensongère de nature à induire les naïfs et crédules en erreur !
    Pourquoi cet Antoine Djaffa n’a-t-il jamais gagné au loto?

  9. CONTRAT SOCIAL: COMMENT INVITER LES CONGOLAIS A VERROUILLER LEUR PAYS JUSQU’AU TYRAN SASSOU DÉGAGE?
    Dans le contrat social proposé aux congolais, introduit d’un coté, l’expression de la  » volonté générale » et de l’autre coté le principe de la  » souveraineté du peuple « .
    Ce contrat social proclame le principe de la souveraineté du peuple congolais. En effet, en vue d’assurer sa liberté et sa dignité face à l’injustice, l’oppression et la barbarie qui règnent dans ce pays pendant la dictature de Denis Sassou Nguesso; chaque congolais met sa personne sous la suprême direction de la volonté générale, qui n’est que l’expression de la volonté du peuple.
    Je distingue bien, le souverain, c’est à dire la volonté générale, du système Sassou Nguesso, qui est en charge de faire exécuter des lois injustes, illégales et illégitimes – car, ce pouvoir n’a jamais reçu mandat du souverain peuple congolais. L’expression de la  » volonté générale » et le principe de la  » souveraineté du peuple  » fait appel à l’esprit civique, en un mot de patriotisme.
    CONTRAT SOCIAL: COMMENT INVITER LES CONGOLAIS A VERROUILLER LEUR PAYS JUSQU’AU TYRAN SASSOU DÉGAGE? https://www.youtube.com/watch?v=jw7QCruHvgE

  10. Il est étonnant, voire sidérant de constater le mutisme de l’opposition congolaise, notamment les opposants de la diaspora, jugez en vous memes:
    Les pays riches commencent à envisager l’annulation des pays Africains.
    Dans le cas précis cette dette ne s’explique que par la corruption, le drainage des ressources, la mafia de la nomenclatura en place dont l’incurie n’est plus à démontrer.
    A quoi bon annuler une dette si cela profitera nullement aux population?
    Est ce la première fois que l’on annule ou renégocie une dette?
    – un ambassadeur cité dans les panama papers pour 800 millions de dollars.c’est lui qui va négocier.
    – Un président aux cent comptes rien qu’en France?
    – un incident d’une extreme gravité dans un aéroport de pointe noire.Pas de réaction de l’opposition alors que c’est le résultat d’une gestion de la securite des aéroports.
    – cet article qui arrive bien tard,

  11. LE président français EST UN BLANC MAL ÉDUQUÉ.
    NOUS NOUS CONNAISSONS TOUS SUR CETTE PLANÈTE, MAIS LES BLANCS MAL ÉDUQUÉS (EUROPÉENS ET ALLIÉS, PLUS LES ORGANISATIONS INTERNATIONALES) LAISSENT POURRIR NOS SOCIÉTÉS POUR MIEUX PROFITER DE NOS RESSOURCES.

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